Dès l’ouverture du procès du massacre du 28 septembre, les avocats de l’ancien chef de la junte et ceux de son ex-aide de camp ont contesté leur placement en détention. Ils n’ont pas été entendus.
Le tribunal chargé de juger Moussa Dadis Camara et une dizaine de co-accusés pour le massacre du 28 septembre 2009 a décidé, lundi 10 octobre, de les maintenir en prison le temps de leur procès et ont rejeté les demandes de placement en résidence surveillée. Le parquet avait fait incarcérer les accusés qui étaient encore libres à la veille du procès, y compris le capitaine Moussa Dadis Camara, qui vivait jusqu’alors en exil au Burkina Faso et était rentré quelques jours plus tôt.
L’ancien chef de la junte et une dizaine d’anciens officiels (militaires et gouvernementaux) sont accusés d’assassinats, de viols, d’actes de torture et de pillage commis lors de la répression d’une manifestation de l’opposition, le 28 septembre 2009 et les jours suivants. Au moins 157 personnes ont été tuées et des centaines blessées, et près de 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
« Égards » dus à un ancien chef d’État
Dès l’ouverture de ce procès historique à la date anniversaire du 28 septembre, les avocats de Moussa Dadis Camara avaient contesté son placement en détention et demandé soit sa remise en liberté, soit son placement en résidence surveillée, invoquant les « égards » dus à un ancien chef d’État.
Les avocats d’un autre des principaux accusés, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias « Toumba », ancien chef de l’unité de protection de Moussa Dadis Camara, ont quant à eux demandé l’évacuation sanitaire de leur client, écroué depuis 2016 et malade, selon eux. Il est apparu très diminué à l’ouverture du procès.
Débats de fonds
Le président de la cour, Ibrahima Sory Tounkara, a répondu qu’en vertu du code de procédure pénale les accusés étaient tenus de se constituer prisonniers la veille du procès et que la mesure de résidence surveillée n’était applicable qu’aux détenus étrangers. Quant à Aboubacar Sidiki Diakité, il « n’a fourni aucune pièce médicale pour appuyer se demande d’évacuation sanitaire », a-t-il dit.
La cour a donc rejeté « la demande tendant à la mise en liberté des accusés, de mise en résidence surveillée de Moussa Dadis Camara et d’évacuation sanitaire d’Aboubacar Diakité, dit Toumba ». Et a ordonné « l’ouverture des débats au fond ».
Avec AFP