Coupe du monde au Qatar : En l’absence de Sadio Mané, qui seront les Africains à suivre ?

Alors que s’ouvre, ce 20 novembre, le Mondial de football au Qatar, zoom sur cinq joueurs africains qui pourraient faire basculer le destin de leur sélection.

La FIFA a autorisé les sélectionneurs à convoquer 26 joueurs au maximum pour disputer la Coupe du monde. Les sélectionneurs des cinq équipes africaines engagées, Aliou Cissé (Sénégal), Otto Addo (Ghana), Rigobert Song (Cameroun), Jalel Kadri (Tunisie) et Walid Regragui (Maroc) ont tous décidé de profiter au maximum de cette possibilité. Dans ces listes finalement assez classiques, dénuées de vraies surprises, certains joueurs seront plus observés que les autres. Tour d’horizon.

André-Frank Zambo Anguissa

Avec Eric Maxim Choupo-Moting, flamboyant avec le Bayern Munich, André-Frank Zambo Anguissa est incontestablement l’international camerounais le plus en forme depuis le début de la saison. À 27 ans, le milieu de terrain n’est pas pour rien dans le brillant début de saison de Naples, leader du championnat d’Italie et qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions.

Depuis son arrivée en Europe en 2013 à Reims, où il évoluait avec l’équipe réserve, le joueur formé au Cotonsport Garoua s’est imposé partout où il a joué : à Marseille, Fulham (Angleterre), Villarreal (Espagne) et désormais dans le sud de l’Italie, où les bouillants supporters napolitains lui vouent un immense respect.

En plus d’être un excellent footballeur, Zambo Anguissa n’a pas sa langue dans sa poche. Il avait en effet critiqué l’intervention discutable de Samuel Eto’o, le président de la fédération, à l’issue d’un match remporté face au Burundi (1-0) en qualifications pour la CAN 2024. Le dirigeant avait sèchement recadré les joueurs devant les caméras, ce que Zambo Anguissa n’avait guère goûté. Au Cameroun, beaucoup supposent que l’absence du milieu de terrain lors de la tournée en Corée du Sud en septembre dernier était liée à cette prise de parole qui avait déplu à Eto’o. Mais le président de la Fecafoot, qui voit les Lions Indomptables remporter la Coupe du monde, a bien compris qu’il aurait besoin de tout le monde pour atteindre son objectif.

Hakim Ziyech

Les puristes sont unanimes : le Marocain Hakim Ziyech, 29 ans, est l’un des joueurs les plus doués de sa génération. Techniquement très au-dessus de la moyenne, le gaucher s’est révélé à l’Ajax Amsterdam au cœur d’un système de jeu résolument offensif. Depuis 2020, l’international marocain évolue à Chelsea, où ses performances sont fluctuantes.

Né aux Pays-Bas, dont il a porté le maillot dans les catégories de jeunes, Ziyech a choisi le Maroc en 2015, et ses relations avec son pays d’origine n’ont pas toujours été fluides. L’attaquant s’était embrouillé avec Hervé Renard, alors sélectionneur des Lions de l’Atlas, avant que Fouzi Lekjaa, le président de la fédération, s’implique personnellement pour rabibocher les deux hommes.

Avec Vahid Halilhodzic, le conflit avait atteint un point de non-retour : le technicien bosnien reprochait au joueur ses écarts disciplinaires, et ce dernier avait juré de ne plus remettre les pieds en sélection tant que l’ex-sélectionneur de l’Algérie serait en place. Cette affaire explique en partie pourquoi Halilhodzic a été limogé en août dernier et remplacé par Walid Regragui. Celui-ci a immédiatement rappelé Ziyech pour les matches amicaux du mois de septembre, et l’a logiquement retenu pour la Coupe du monde. « Regragui a une proximité avec les joueurs et il a su trouver les bons mots pour convaincre Ziyech, dont le retour était réclamé par les supporters », explique Youssouf Hadji, ancien partenaire de Regragui en sélection nationale.

Nicolas Jackson

Nicolas Jackson n’est pas né au Sénégal. Si son patronyme rappelle que ce jeune attaquant de 21 ans est né en Gambie, c’est à Ziguinchor, et plus particulièrement à Casa Sports, le club phare de la Casamance et du pays qu’il a su se faire remarquer par les Espagnols de Villarreal.

Recruté par la formation ibérique en 2019, prêté en Ligue 2 à Mirandès pour s’endurcir, puis souvent mis à la disposition de l’équipe B de Villarreal, l’attaquant – ou parfois milieu de terrain offensif – a vu son destin s’accélérer depuis quelques mois. Quelques buts en Liga et en Ligue Europa Conférence, une présence de plus en plus récurrente dans l’équipe type et au mois de septembre dernier, une première convocation avec les Lions de la Teranga pour des matches amicaux face à la Bolivie (2-0) et à l’Iran (1-1).

Sa progression évidente a convaincu Aliou Cissé de faire appel à celui qui avait déjà fait quelques apparitions avec l’équipe des moins de 20 ans. Même s’il ne part pas avec le statut d’un titulaire, au sein d’un secteur offensif à forte concurrence mais ouvert depuis le forfait de Sadio Mané, Nicolas Jackson aura probablement l’occasion de dévoiler ses talents au Qatar.

Ellyes Skhiri

Le milieu de terrain des Aigles de Carthage est l’exemple typique du joueur dont on parle peu, parce qu’il effectue un travail de ombre, mais dont on mesure l’utilité dans un collectif quand il n’est pas là. Ellyes Skhiri, 27 ans, est l’un des des cadres de la sélection tunisienne, qu’il a intégrée en 2015. Le milieu de terrain défensif du FC Cologne (Allemagne), où il évolue depuis 2019, va participer à sa deuxième Coupe du monde, après celle de 2018.

Son club a fixé l’indemnité de départ de son joueur à 20 millions d’euros, ce qui en dit long sur l’estime que son employeur lui porte. Né en France, Shkiri a accepté de porter le maillot de son pays d’origine alors qu’il jouait à Montpellier. Et c’est dans ville française d’abord, en Allemagne ensuite, et bien évidemment avec sa sélection, que ce joueur s’est hissé parmi les très bons milieux défensifs évoluant en Europe. On suivra bien évidemment sa prestation face à la France, le 30 novembre.

Iñaki Williams

Il s’agit sans doute d’un des plus beaux coups réussis par Otto Addo, le sélectionneur des Black Stars du Ghana. Au mois de juillet dernier et après plusieurs mois de négociations, le technicien a obtenu l’accord d’Iñaki Williams, 28 ans, l’attaquant de l’Athletic Bilbao (Espagne), de jouer pour son pays d’origine.

Ce n’était pourtant pas une mince affaire. Né à Bilbao, ce qui lui avait permis d’être formé à l’Athletic – qui présente la particularité de n’utiliser que des joueurs basques -, Williams avait porté le maillot espagnol lors d’un match amical contre la Bosnie-Herzégovine en mai 2016.

L’attaquant, qui gardait secrètement l’espoir d’être de nouveau convoqué par la Roja, s’est finalement rendu à l’évidence et a accepté la proposition de rejoindre le Ghana, à quelques mois de la Coupe du monde. Son frère cadet Nico, qui évolue également à Bilbao, a quant à lui été sélectionné par la Roja.

En septembre dernier, le puissant avant-centre a disputé ses premiers matches avec sa nouvelle sélection contre le Brésil (0-3) et le Nicaragua (1-0). Son impact n’est évidemment pas encore réellement perceptible, puisque Williams devra s’habituer à ses nouveaux coéquipiers et à communiquer avec eux, lui qui s’exprime mieux en espagnol, sa langue natale, qu’en anglais. Et avec l’adversité qui attend le Ghana au Qatar (Portugal, Uruguay, Corée du Sud), la dernière prise d’Addo aura l’occasion de se mettre en valeur…

JA

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