La junte au pouvoir en Guinée a réquisitionné l’armée face à de nouvelles manifestations de l’opposition et menacé d’appliquer les lois antiterroristes.
Alors que l’opposition avait appelé à deux journées de manifestation les 17 et 18 mai, des Bérets rouges et des blindés de l’armée étaient présents dans la banlieue de Conakry. Les autorités guinéennes ont réquisitionné l’armée face à ces manifestations et menacé d’appliquer les lois antiterroristes, qui prévoient jusqu’à la prison à vie contre les responsables d’une « situation de crise ».
L’appel à manifester a semblé très peu suivi dans les rues. Le service de surveillance d’internet NetBlocks a indiqué sur les réseaux sociaux que l’accès à différentes plateformes avait été restreint.
« Rétablir l’ordre public »
Le ministre de l’Administration du territoire, Mory Condé, a affirmé mardi soir dans un communiqué lu à la télévision nationale que les manifestations de l’opposition sont l’occasion d’une « véritable guérilla urbaine » où les manifestants, « avec une violence inouïe, font régner la terreur » et s’en prennent aux forces de sécurité avec des « moyens létaux ».
« Nous avons pris la responsabilité légale par réquisition (…) en date du 15 mai 2023 de solliciter le concours des forces armées pour appuyer les forces de police et de la gendarmerie qui étaient en difficulté (pour) maintenir et rétablir l’ordre public », dit le communiqué.
Interdiction de manifester
Le ministre brandit la menace d’appliquer les lois antiterroristes qui prévoient la réclusion perpétuelle contre quiconque commet un acte mettant en danger la vie ou les libertés d’autrui avec l’intention « d’intimider, provoquer une situation de terreur, créer un sentiment d’insécurité au sein des populations », exercer des pressions sur l’État ou créer « une situation de crise au sein des populations », selon les articles du code pénal lus à la télévision. La loi s’applique à quiconque commandite, finance ou encourage de tels actes, disent les textes.
L’opposition avait appelé à manifester mercredi et jeudi pour réclamer l’arrêt des poursuites judiciaires « fantaisistes » contre des opposants, le rétablissement du droit de manifester, interdit depuis 2022, et l’ouverture d’un vrai dialogue sous la présidence de la Cedeao.
AFP