L’organisation sous-régionale se dit opposée à l’idée d’une transition de trois ans maximum lancée ce week-end par les militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey, signe qu’une sortie de crise par la voie diplomatique semble encore lointaine.
« Une période de transition de trois ans est inacceptable », a affirmé Abdel-Fatau Musah, commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). « Nous voulons que l’ordre constitutionnel soit restauré le plus rapidement possible », a-t-il ajouté dans une interview à Al-Jazeera, réaffirmant la position inflexible de l’organisation régionale depuis le coup d’État du 26 juillet.
Samedi 19 août, au moment où une délégation de la Cedeao était à Niamey pour tenter de trouver une solution pacifique à la crise, le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, avait annoncé envisager une transition de « trois ans » maximum, avant de rendre le pouvoir aux civils. Une idée inenvisageable pour la Cedeao, qui martèle depuis le coup d’État que le président renversé Mohamed Bazoum doit être libéré et réinstallé au pouvoir.
Positions crispées
Et si l’organisation ouest-africaine explore la voie diplomatique pour atteindre cet objectif, elle agite toujours la menace de l’usage de la force. Vendredi, après une réunion des chefs d’état-major à Accra, Abdel-Fatau Musah avait indiqué que « le jour de l’intervention » était fixé tout comme « les objectifs stratégiques, l’équipement nécessaire et l’engagement des États membres ».
« Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a répondu le général Tiani. Les positions des deux camps semblent donc crispées, malgré la médiation du week-end qui a permis aux émissaires de la Cedeao de s’entretenir avec le général Tiani, puis avec Mohamed Bazoum.
Dimanche, des manifestations de soutien aux militaires ont eu lieu dans la capitale et dans la grande ville du nord, Agadez. Comme souvent en pareilles situations, des slogans hostiles à la Cedeao et aux puissances occidentales – en particulier la France – ont été scandés. « Halte à l’intervention militaire », pouvait-on également lire sur des pancartes brandies par les milliers de manifestants rassemblés sur la place de la Concertation à Niamey. À Agadez, plusieurs centaines de manifestants ont « demandé le départ de toutes les bases militaires étrangères », notamment la base américaine installée à l’aéroport de la ville.
L’Unicef tire la sonnette d’alarme
La France et les États-Unis déploient respectivement 1 500 et 1 100 soldats au Niger pour la lutte antijihadiste. Plusieurs attaques de groupes armés liés à l’État islamique et Al-Qaïda ont eu lieu depuis le 26 juillet, notamment dans l’ouest du Niger, une région proche du Burkina Faso et du Mali, qui sont confrontés aux mêmes violences.
Lundi, l’Unicef s’est alarmée de la situation humanitaire au Niger, estimant que plus deux millions d’enfants avaient « besoin d’aide », un chiffre aggravé par la crise en cours. Selon l’organisation onusienne, ces chiffres peuvent augmenter « si les prix des denrées alimentaires continuent de grimper et si une récession économique frappe les familles, les ménages et les revenus ». Le Niger est, depuis le 30 juillet, sous le coup de lourdes sanctions économiques imposées par la Cedeao.
AFP