Des habitantes de Conakry ont bloqué les accès au centre-ville de la capitale guinéenne avant d’être rejointes par d’autres protestataires lors d’un mouvement de contestation spontané.
De petits groupes de femmes ont dressé des barrages à Conakry tôt dans la matinée du 1er février, à l’heure où le trafic venant de banlieue commence à se densifier. Le centre de la capitale guinéenne, siège des affaires politiques et économiques, se trouvant sur une presqu’île, les entrées peuvent en être aisément fermées.
Le mouvement est parti du quartier de Coronthie, situé sur la péninsule, l’un des plus durement touchés par l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de la Guinée en décembre. Le sinistre a fait 25 morts et des centaines de blessés. Il a causé de très gros dégâts, mais aussi de graves perturbations de l’activité économique.
Les femmes réclamaient initialement l’aide qui leur a été promise après le drame pour réparer leurs maisons, selon des témoignages recueillis sur place par un correspondant de l’AFP et les médias locaux. Certaines s’étonnent de ne pas voir se matérialiser l’afflux de dons dont l’explosion avait suscité la promesse.
Inflation et répression de l’opposition
Sur ces revendications se sont greffées des protestations contre l’augmentation des prix des produits de première nécessité, contre la répression de l’opposition et contre les restrictions imposées à internet. Les médias sociaux ont publié des photos de femmes brandissant des écriteaux proclamant « Arrêtez les tueries. Arrêtez le sale boulot, ça suffit comme ça. La Guinée souffre. »
De jeunes hommes se sont joints à la contestation et ont lancé des pierres sur les forces de sécurité, qui ont riposté à l’aide de gaz lacrymogène. Les forces de sécurité ont finalement dispersé les manifestants et libéré le passage, a rapporté le site d’information GuinéeNews.
Ces protestations constituent un rare acte de contestation non organisée sous les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en septembre 2021. La junte conduite par le général Mamadi Doumbouya a interdit toutes les manifestations en 2022. Depuis 2021, elle a fait arrêter un certain nombre de dirigeants de l’opposition, des membres de la société civile et de la presse, et a lancé des poursuites contre d’autres. L’accès à internet est sévèrement restreint depuis plusieurs semaines.
L’opposition dénonce la conduite autoritaire et exclusive du pays.
AFP