Après cinq mois de détention, 11 opposants politiques maliens, emprisonnés sous le régime de transition, ont été remis en liberté provisoire ce jeudi. Cette décision de justice intervient dans un contexte politique marqué par des tensions croissantes et un appel à la réconciliation nationale. En effet, Depuis le coup d’État d’août 2020, le Mali est dirigé par une junte militaire qui fait face à des pressions internes et internationales pour rétablir un gouvernement civil.
Parmi les opposants libérés figurent plusieurs anciens ministres et dirigeants de partis politiques comme l’Adema-PASJ, le RPM, et le M5-RFP-Mali Kura, qui avaient signé une déclaration réclamant le retour à l’ordre constitutionnel et un rétablissement du pouvoir civil. Ces figures politiques avaient été arrêtées, le 20 juin 2024, lors d’une réunion politique non autorisée au domicile de l’un d’eux, à une période où la junte militaire avait suspendu toutes les activités partisane. Une interdiction désormais levée, ce qui a permis leur libération.
Les proches des ex-détenus ont exprimé leur soulagement, bien que les 11 libérés apparaissent visiblement éprouvés par leur incarcération prolongée. Aucun cas de maltraitance physique n’a cependant été signalé.
Ils ont été transférés de la prison de Kéniéroba à Bamako pour être présentés devant un juge du tribunal de la Commune V, où ils ont pris connaissance de leur ordonnance de libération. Désormais, ils ne sont soumis à aucun contrôle judiciaire et peuvent circuler librement.
Un signe de décrispation politique ?
La libération de ces opposants a été saluée comme un signe de décrispation politique par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, président de la Commission de suivi de la Charte pour la paix et la réconciliation auprès des autorités ; celui-là même qui a conduit les négociations ayant abouti à leur remise en liberté. Selon lui, cette décision s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large de réconciliation nationale lancé par la junte. Cette remise en liberté est perçue comme une tentative de la junte de désamorcer les tensions avec l’opposition, en vue d’un éventuel dialogue politique, a-t-il précisé.
Les 11 opposants libérés – Moustapha Dicko, Hamidou Maïga, Moulaye Haidara, Yaya Sangaré, Abdramane Korera, Laya Guindo, Mohamed Ali Bathily, Mamadou Traoré, Samba Coulibaly, Malley Camara, Mamadou Traoré dit le Roi – faisaient partie d’une plateforme qui réclamait le retour à l’ordre constitutionnel, un point sur lequel la junte et l’opposition politique continuent de diverger.
Leur arrestation avait été perçue comme une tentative de la part des autorités militaires de réprimer toute forme d’opposition politique. Surtout que des chefs d’accusation extrêmement lourds avaient été retenus contre eux : « atteinte à la sûreté de l’État », « tentative de déstabilisation contre la Transition » et « trouble à l’ordre public ». Mais cette remise en liberté pourrait marquer un tournant dans la dynamique entre la junte et ses détracteurs, en attendant d’éventuelles discussions sur l’avenir politique du pays.
Afrik.com