Guinée : Un médecin généraliste explique les conséquences de l’utilisation de la chirurgie pour restaurer la virginité

La chirurgie de reconstruction de l’hymen, également connue sous le nom d’hyménoplastie, est une procédure qui consiste à restaurer l’hymen, souvent perdu à la suite d’un acte sexuel, qu’il soit volontaire ou non, ou encore à la suite de certaines activités physiques. Bien que cette pratique soit de plus en plus sollicitée, elle demeure un sujet tabou dans une grande partie de la société africaine.

Ce type de chirurgie est souvent demandé par des jeunes filles, notamment à l’approche de leur mariage, afin de « réparer » leur virginité et d’éviter la honte ou les réprimandes, notamment dans certaines familles où la virginité est perçue comme un gage de pureté. À cet égard, notre rédaction a décidé de se pencher sur le sujet et de recueillir l’avis d’un expert. Nous avons rencontré le Dr. Bah Mamadou Saïdou, médecin généraliste, qui nous a expliqué les détails et les conséquences de cette pratique.

Selon le Dr. Saïdou, l’hyménoplastie est une intervention chirurgicale qui consiste à reconstruire l’hymen, souvent perdu en raison de la perte de virginité chez la femme, ou à la suite de manœuvres qui peuvent entraîner cette rupture. «Si un médecin est sollicité, il peut effectivement procéder à cette reconstruction» a-t-il précisé.

Il a ajouté que, dans la logique de l’intervention, un rapport sexuel post-opératoire pourrait entraîner un saignement, bien que ce ne soit pas systématique «Il n’est pas garanti que cela se produise à chaque fois» a-t-il précisé.

Le Dr. Saïdou a également abordé un aspect important de la question «Une femme sur trois peut ne pas avoir d’hymen» a-t-il indiqué, expliquant que l’hymen est simplement un repli du vagin, qui n’est pas forcément présent chez toutes les femmes. Il a souligné que, dans certaines cultures africaines, particulièrement chez les Peuls, l’absence de saignement après la première nuit de noces peut être perçue comme une preuve de la non-virginité de la femme. Or, comme le souligne le médecin, «la présence d’un hymen et la perte de sang ne justifient pas scientifiquement la virginité» indique t-il

Le médecin a également évoqué les croyances culturelles et familiales qui exercent une pression sur les jeunes filles. «Les parents interdisent souvent à leurs filles de pratiquer certaines activités, comme faire du vélo, de peur que cela n’entraîne la rupture de l’hymen» a-t-il précisé. Malheureusement, dans de nombreuses cultures africaines, « l’absence d’hymen» est souvent interprétée à tort comme une preuve de non-virginité.

En ce qui concerne la procédure chirurgicale elle-même, le Dr. Saïdou a expliqué qu’il s’agit d’une intervention relativement simple, d’une durée de 30 minutes.«Il s’agit d’une chirurgie intime qui est réalisée sous anesthésie locale. Les complications sont rares et, en général, la plaie cicatrise en deux à trois semaines»a-t-il détaillé.

Concernant les motivations des patientes, le médecin a souligné que l’objectif principal de l’hyménoplastie est esthétique. « Nous recevons de nombreuses jeunes filles qui, souvent, ne nous expriment pas directement leur souhait de subir cette intervention en raison du caractère tabou de la question. Certaines viennent se confier sur leur perte de virginité, et cela les met dans une situation psychologique complexe, en particulier lorsque ces jeunes filles souhaitent se marier tôt» Le médecin a ajouté que, bien que ces consultations ne soient pas fréquentes,«nous recevons en moyenne deux à trois filles par mois»a-t-il conclu

T-A

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