Le 10 avril 2024, les autorités de transition maliennes ont annoncé la suspension des activités de tous les partis politiques et associations à caractère politique « jusqu’à nouvel ordre ». Officiellement, cette mesure vise deux objectifs principaux : maintenir un climat de sérénité pour le dialogue national inclusif en cours et renforcer la lutte contre les groupes terroristes qui menacent encore le pays. Dans le même temps, le Premier ministre Choguel Maïga repousse la perspective de la fin de la Transition. Et voit s’éloigner le retour de la démocratie.
Cette décision et la mise en place du dialogue national sont présentées par le gouvernement malien comme un effort pour apaiser les tensions et définir une feuille de route claire pour la transition future du pays. Cependant, cette décision a été rapidement qualifiée de « coup d’État constitutionnel » par des membres de la classe politique et de la société civile malienne. Ils y voient une tentative de museler l’opposition et de prolonger indéfiniment le pouvoir des autorités de transition. La crainte exprimée est que cette suspension ne débouche sur une interdiction permanente des activités politiques et associatives. Consolidant ainsi le contrôle des autorités actuelles et leur maintien au pouvoir sans élections.
La communauté internationale, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et l’Union européenne, a exprimé sa préoccupation, appelant les autorités maliennes à respecter les libertés fondamentales et à s’engager dans un processus de transition inclusif et transparent. Mais il est probable que ces appels ne soient pas entendus.
Enjeux et perspectives
Le Mali est confronté à une crise politique et sécuritaire profonde, depuis le coup d’État de 2020. Le pays se trouve à un carrefour et a fait le choix d’un rapprochement avec le Burkina Faso et le Niger d’une part et la Russie d’autre part, pour lutter contre le terrorisme et relancer le développement.
Le succès du dialogue national inclusif, crucial pour la feuille de route de la transition, est maintenant en question. Sa légitimité est remise en cause par l’exclusion des partis politiques.
Afrik.com