Et si les motifs de la suspension du magistrat Cé Avis Gamy était d’ailleurs ?

Dans la procédure judiciaire engagée contre les camarades Foniké Menguè et Djani Alfa qui s’est élargie à Mamadou Billo BAH, sur instruction de Alphonse Charles Wright, alors procureur général près la Cour d’appel de Conakry, le jeune magistrat Ce Avis Gamy était le représentant du ministère public au procès. En dépit des instructions qu’il avait reçues et des pressions exercées sur lui par Alphonse Charles Wright, il avait eu le courage de requérir la relaxe pour délit non constitué. Sa position était strictement conforme à l’adage selon lequel  » la plume est serve, la parole est libre ».

Le populiste procureur général, censé connaître cette règle, n’a jamais pardonné au jeune magistrat cette position courageuse qu’il avait prise pendant ce procès. Alphonse Charles Wright lui reprochait de l’avoir couvert de honte en ne faisant pas des réquisitions aux fins de condamnation contre les trois activites, membres du FNDC. À la suite de cette décision, il a entrepris des manœuvres pour charger Me Moriba Alain Koné qui était ministre de la Justice, en l’accusant d’avoir influencé le magistrat Cé Avis Gamy.

En fin de compte, le Garde des Sceaux a été limogé et remplacé par qui ? …Alphonse Charles Wright. Dès qu’il a été nommé ministre de la Justice, un de ses tous premiers actes a été de déplacer M. Cé Avis Gamy à Labé, sans aucune nécessité.

Alphonse Charles Wright est donc celui à qui Me Moriba Alain Koné doit son limogeage. L’on se rappelle encore son acte déloyal contre un de ses aînés dans la magistrature dont il avait enregistré les propos à son insu.

C’est ce personnage qui prétend donner des leçons à ses collègues et qui parle d’insuffisance professionnelle. Entre lui et les magistrats, on se demande bien qui est le plus  » insuffisant  » professionnellement. Un ministre qui fait engager des poursuites contre un mort; qui ne sait pas qu’en sa qualité de ministre de la Justice, il n’est pas le Conseil de discipline des magistrats ; qui ignore qu’il ne doit pas parler d’insuffisance professionnelle par rapport à un magistrat qui a pris une décision en fonction de son interprétation de la loi. La liste des preuves de l’insuffisance professionnelle de Alphonse Charles Wright est longue. C’est une honte pour la justice guinéenne d’avoir à sa tête un individu aussi clivant et aussi méprisant envers ses collègues et les professionnels de la justice. Alphonse Charles Wright a introduit le clanisme dans le secteur de la justice, au point que les magistrats se regardent aujourd’hui en chien de faïence.

Mais, ses récentes décisions de suspension semblent avoir sorti ces derniers de leur sommeil. Ils commencent à comprendre qu’avec un tel ministre, c’est la justice, en tant que pouvoir, qui risque de disparaître. Il a déclaré qu’après sa fonction de ministre, il ne retournera pas à la magistrature. Il fera donc tout miner l’appareil judiciaire. Aux magistrats de prendre la mesure du danger.

SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC

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