Après la meurtrière explosion qui a enflammé un entrepôt d’hydrocarbures à Conakry, tuée au moins 14 personnes et ravagée un quartier, la solidarité s’organise. La réponse de l’État se met en place tant bien que mal.
Près de 24 heures après l’explosion qui a fait au moins 14 morts et 190 blessés, selon le dernier bilan communiqué par le gouvernement, un immense panache de fumée sombre flotte toujours au-dessus de Conakry. Des rescapés ont été accueillis sur l’esplanade du Palais du peuple. Certains ont été orientés par les autorités vers ce bâtiment qui abrite l’Assemblée nationale. C’est ici que Fatoumata Camara a dormi à même le sol, sur une simple couverture. « On a tout perdu, nos affaires, nos habits… C’est pour cela qu’on est venu ici », raconte-t-elle.
Mais Fatoumata pense déjà à partir, car elle n’a pas d’autre endroit où aller que chez elle, sa petite maison qui a été durement touchée par l’explosion : « On va y retourner, mais s’il y a beaucoup de fumée, on passera la nuit ici ». Elle garde précieusement à ses pieds un grand sac bleu contenant des vivres, comme du jus et du riz. Ce sont des repas qui ont été distribués aux rescapés.
Plus loin, sous une tente, un homme patiente. Mohamed Camara ne sait pas vraiment pourquoi. « Je me suis enregistré, mais par contre ils ne nous ont pas fait savoir ce qu’ils comptent faire après. J’attends qu’on me dise quand je pourrai rentrer ». L’État guinéen a mis en place un numéro vert gratuit pour faciliter l’assistance aux sinistrés. Il faut contacter le 1016.
Chaîne de solidarité
En tout cas, suite au drame qui a frappé la capitale, la solidarité s’organise. Dans la cour de la grande mosquée Fayçal de Conakry, des vivres, des produits de première nécessité et autres biens qui peuvent soulager les sinistres sont récoltés. La solidarité spontanée a débuté après des appels aux dons lancés par des anonymes sur les réseaux sociaux.
On envoie ça pour les victimes qui ont eu leur maison brûlée, des enfants ou des parents blessés. On a apporté des habits, des chaussures pour hommes, femmes, enfants… pour tout le monde
Certains habitants, comme Abdoul Sacko, le coordinateur des forces sociales de Guinée, alliance qui regroupe des organisations de la société civile et des syndicats, s’interrogent. S’il rend hommage aux victimes de ce drame, il questionne la présence de ce dépôt, le plus grand du pays, au cœur de la capitale. « Ce dépôt est au cœur de la vie nationale. Il y a la présidence, le port, l’administration dans sa quasi-totalité à côté. Il y a aussi la plus grande prison du pays à côté ou encore la plus grande centrale thermique du pays non loin », explique-t-il.
Piste accidentelle privilégiée
De son côté, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoul Diallo, coupe court à toutes polémiques en martelant que d’autres lieux de stockages sont en cours de construction et que des dispositions ont été prises pour éviter toute pénurie. « Il y a en construction dans la région de la Haute-Guinée un entrepôt pour remplacer celui de Conakry. Et d’autres chantiers vont être ouverts. Ce n’est pas le moment de rentrer dans de telles polémiques. Les gens n’ont qu’à s’informer sur les projets de construction qui montrent que les autorités avaient conscience que la capitale ne pouvait plus être le lieu pour abriter cet entrepôt et que les dispositions avaient été prises. Malheureusement, l’accident arrive à un moment où les autres entrepôts ne sont pas achevés », a-t-il déclaré.
Concernant les causes de l’accident, il est formel : l’enquête exclut toute attaque criminelle du terminal. « On va attendre les conclusions de l’enquête pour savoir si c’est de la négligence ou un accident involontaire qui est à l’origine de l’explosion. Mais à ce stade, aucun élément ne permet de lier ça à une attaque quelconque », assure-t-il.
Rfi